Page:Zevort - Romans grecs 2.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée
337
LUCIUS.


coups de coutelas, et le jetèrent tout palpitant encore dans un précipice. Je vis mon malheureux compagnon de bât et de captivité descendre en bondissant le chemin de la mort.

XX. Voyant, par l’exemple de mon camarade de route, le résultat de mes beaux desseins, je pris le parti de supporter courageusement ma mauvaise fortune, et de marcher vaillamment. J’espérais, après tout, tombera la fin sur des roses qui me rendraient à moi-même. D’ailleurs, j’entendais les voleurs dire qu’il ne nous restait que peu de chemin et que nous nous arrêterions à la première halte. Et en effet, nous trottâmes si bien, malgré le surcroît de charge, qu’avant le soir nous étions à la demeure des brigands. Une vieille femme était assise dans la maison ; un grand feu brûlait dans l’âtre. Ils nous déchargèrent et déposèrent Je tout à l’intérieur. Puis, s’adressant à la vieille : « Pourquoi es-tu assise ainsi, au lieu de nous préparer à dîner ? — C’est que tout est prêt, dit la vieille : du pain en quantité, de bon vin vieux et de la venaison à discrétion. Ils félicitèrent la vieille, se déshabillèrent, se frottèrent et se graissèrent devant le feu ; puis, tirant de l’eau chaude d’un chaudron, ils se la versèrent sur le corps et s’en firent un bain improvisé.

XXI. Quelque temps après, arrivèrent un grand nombre de jeunes gaillards chargés d’une foule d’objets, tant en or qu’en argent, étoffes, habillements d’homme et de femme. C’était une bande de brigands, associés aux premiers. Lorsqu’ils eurent, de leur côté, serré leur butin, ils se lavèrent à leur tour. Puis tous nos scélérats se mirent à table, dînèrent bien et causèrent de même. Pendant ce temps, la vieille avait apporté, pour moi et mon cheval, de l’orge que mon voisin se mita tout dévorer au plus vile, craignant, comme de juste, d’avoir k partager avec moi. Je le laissais faire ; mais quand la vieille sortait, j’en profitais pour entrer à la dérobée, et je donnais à la provision


II. 29