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honneurs dus à leur roi. En voyant cet immense butin, en contemplant la beauté presque divine de la jeune fille, ils s’imaginaient que leurs associés avaient pillé quelque temple ou quelque sanctuaire chargé de richesses. À l’aspect de la jeune fille, ils allaient jusqu’à supposer, dans leur ignorance, qu’on avait enlevé la prêtresse elle-même, ou qu’on leur ramenait la statue animée de quelque déesse. Ils adressèrent à leur chef de nombreuses félicitations sur son courage et lui firent cortége jusqu’à sa demeure. C’était un petit flot éloigné des autres, une retraite spécialement consacrée à lui et à quelques siens compagnons. Arrivé là, il congédia la plus grande partie du cortége, et les convoqua tous auprès de lui pour le lendemain. Resté seul avec le petit nombre de ses familiers, il leur accorda quelques instants pour le repas, mangea avec eux et confia ensuite les deux prisonniers à un jeune Grec, captif depuis peu de temps entre ses mains, pour qu’il leur servit d’interprète. Il lui assigna même une partie de sa propre hutte, avec ordre de prendre soin du jeune homme et de préserver la jeune fille de tout outrage. Puis, accablé par la fatigue de la marche et les soucis du commandement, il s’abandonna au sommeil.

VIII. Le silence régnait sur le marais ; la première veille de la nuit était arrivée : la solitude, l’absence de tout bruit, offrait à la jeune fille comme une occasion de laisser éclater ses gémissements. La nuit, ce semble, ravivait encore ses douleurs ; l’absence de tout objet qui attirât son attention, en frappant son oreille ou sa vue, la laissait livrée tout entière à ses angoisses. Après avoir longtemps gémi en silence (car elle était isolée par ordre du chef et couchée sur un misérable grabat), après avoir versé bien des larmes, elle s’écria : « Apollon, combien tu punis trop cruellement nos fautes ! nos souffrances passées ne suffisent-elles pas à tes vengeances ? Séparés de nos parents, pris sur