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DISCOURS


les tempéramens forts & bouillants, l’eſprit ſuit fort ſouvent l’état du corps.

Lorſque mes forces me permirent de prendre l’air, je fis quelques tours dans l’Hopital. Cet efpece d’Empire compofé de malades foumis au premier Chirurgien, à des Aides-Chirurgiens, à un GEconome, me reprelenta au naturel la plupart des Etats de la Terre : ce qui m’amufoit le plus etoit l’air d’importance d’un Sous-Chirurgien qui fe croyoit quelque chofe, qui penfoit jouir d’une portion d’autorité, parce qu’il avoit droit de moderer une medecine, d’exempter d’un remede, ou d’accorder a. un malade une cuifle ou une aile de poulet.

Au ſortir de l’Hopital, je me vis hors d’etat de reconnoitre par un prefent les foins de l’Œconome, & cela me fut fenlible. II fallut enfuite renoncer, au moins pour quelque tems, aux Etudes qui m’avoient occupe avant mes maladies, me repandre dans laColonie, & j’eus tout lieu d’etre content de l’accueil gracieux que j’y recus : la fante m’avoit rendu mon premier air de jeuneffe.

Bientôt le retour complet de mes forces me fit fentir l’inutilite de la vie que je menois. Le Bengale etoit alors en combuſtion ; le Nabab venoit de chaſſer les Anglois de leurs Établiſſemens, & cette Révolution me montroit dans cette Contree un avenir de troubles qui ne pouvoient que deranger des operations purement Littéraires. Réſolu de quitter Schandernagor, mais ne fcachant pofitivement de quel cote porter mes pas, une Lettrc que je rectus de Surate, fixa mes incertitudes. C’etoit la reponfe de M. Le Verrier, qui m’apprenoit que les Parfes avoient lu les lignes que je lui avois envoyees ; que c’etoit du Perfan moderne, ecrit en cara&eres Zend. II ajoutoit que leurs Doctcurs lui avoient montre les Livres de Zoroaftre, & en particulier le Vendida Zend, Pehlvi, & qu’ils lui avoient promis de m’expliquercet Ouvrage, & de m’enfeigner leurs anciennes Langues. Cette nouvelle me rend toute ma fante, & mon depart eſt réſolu. On me taxe de legerete : peu fenfible a ce reproche, & trop heureux de pouvoir rompre des liens feduifans dont je commence à fentir le poids, je