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DISCOURS


fournir, par mes epargnes, à l’achat des Livres & au payement des Brahmes, dont je comptois me rendre le Difciple.

Je ne m’arreterai pas ici a donner la defcription de Gengy ; plufieurs Ouvrages[1] ont déja parlé de cette Ville célebre.

J’employai les premiers jours a parcourir les montagnes de Gingy & qui font remplies de Tigres. La principale de ces montagnes eft fort haute, & comme furmontee d’une croupe en pain de fucre, fur laquelle eft une efpece de Fort, dans lequel il y avoit alors quatre Soldats commandes par un Sergent. Cette croupe communique au corps de la montagne par deux grandes poutres attachecs en forme de pont avec des chaines de fer.

Je fis enfuite de petits voyages aux environs de Gengy & : a plufieurs cofles de cctte Place. J’eus occafion dans ces courtes d’admirer la fertiiice du Pays, qui etoit tout convert de nelis. Les champs, dans cette Contree, font coupes par des rigoles dans lelquelles on fait couler l’eau des puits ; un feul homme fuffit pour ce travail. À côte du puit, qui eft peu profond, s’elevc une piece de bois fur laquelle pole une bafcule. À un des bouts de cette bafcule eft le feau, dc a l’autre, un gros tronc d’arbre. Un homme debout, au centre de ce levier, avance le pie droit du cote ou eft 1c feau, fie pefant fur le bout de la baicule, fait defcendre le feau dans le puits ; retirant enfuite le pied : il reprend fa premiere fituation : alors le tronc d’arbre fait baiffer la bafcule de l’autre cote, & eleve le feau, qui accroche a l’ouverture du puit par un morceau de fer, verfe lui-meme fon eau. Pour fe defennuyer dans ce travail, le Payfan chantc a chaque feau, un, deux, trois &c.

La coutume de chanter en travaillant eft encore générale aux deux Côtes parmi les Maquois ou Mariniers. ils laiflent tomber leurs rames en cadence, & les relevent de meme au fon de quelqucs mors qui forment une efpece d’air : au quatrieme ou cinquieme coup, le Chef reprend fur un ton un peu plus haut, pour les ranimer. Quand il faut ramer vice, le chant eft plus precipite ; & cette efpece d’harmonie charme en quelque forte leurs peines & leurs

  1. Mém. de M. de Buffy. (1764) p. 9. Histoire des guerres de l’Inde, trad. fr. T. I. p. 329, 330 ; en Angl. in-4o p. 155. Mém. du Col. Lawrence, trad. Fr. T. I. p. 74.