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PRÉLIMINAIRE.

vainement dans l’or & dans les pierreries. La plus belle piece de ſa maiſon étoit une petite chambre garnie d’un lit & de deux chaiſes en ſerge bleue. Il me conduiſit d’abord à l’Égliſe. Il fallut enſuite céder à ſon empreſſement & accepter un léger déjeûner. Pendant ce petit repas le Prélat me quitta pluſieurs fois ſous pretexte de quelques affaires ; c’étoit pour veiller au dîner que ſon domeſtique préparoit. Nous nous entretînmes quelques tems de l’Europe & de nos Comptoirs ; l’heure du dîner vint & nous nous mîmes à table. Le ſervice conſiſtoit en un petit plat de poiſſons & un plat d’œuſs, & je puis dire que je n’ai jamais fait un repas qui m’ait plu davantage. Je mis promptement la converſation ſur l’état des Chrétiens à la Côte Malabare. M. Florent m’avoua qu’il ignoroit l’époque de leur établiſſement à cette Côte, & qu’il n’avoit nulle connoiſſance des Privileges accordés à Mar Xabro, & à Mar Prod, dont parle Govea.

Voici à peu-près les éclairciſſemens que je tirai du Prélat Polonois pendant quatre heures que je paſſai avec lui. Il me dit qu’il pouvoit y avoir à la Côte deux cens mille Chrétiens, cinquante mille Catholiques Latins, cent mille Catholiques Syro-Malabares, & cinquante mille Syro-Malabares Schiſmatiques. On diſtingue encore les Chrétiens Catholiques en trois claſſes ; 1o. Les Chrétiens de S. Thomas. 2o. Les Topas nés des Portugais & des Noires en mariage légitime ou en concubinage, & qui ſont habillés à l’Européenne : la plûpart des domeſtiques des Hollandois, Anglois & François dans l’Inde ſont de cette claſſe. 3o. Les Moundoukaren, (c’eſt-à-dire, les porteurs de pagnes), Malabares nouvellement convertis au Chriſtianiſme (lorſqu’ils ſont dans des Paroiſſes Syriennes, on leur en permet le Rit) ; & Les Kouloukaren, qui habitent la Côte de la Pêcherie : la plûpart ſont Maquois, c’eſt-à-dire, Mariniers & Pêcheurs, ou de baſſe Caſte.

Les Chrétiens de Saint Thomas ſont bien faits, ont les traits beaux, un air diſtingué, & ſont aſſez difficiles à ſoumettre. Aucun ne voudroit s’abbaiſſer, quelque pauvre qu’il fût, juſqu’à ſervir les Peres. Ils jugent de la Nobleſſe