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introduction

d’homme, il est immédiatement récompensé. Nul besoin des sanctions de l’au-delà : la paix, l’harmonie intérieure sont réservées à ceux qui se rangent aux lois de la Nature, et le Sequere naturam devient le principe universel d’action.

Il y a plus encore : les sanctions sociales viennent s’ajouter aux sanctions individuelles ; il semble alors, en Italie surtout, que les honneurs, les dignités soient les récompenses immédiates de l’intelligence et du travail. Ces hommes de la Renaissance, qu’ils soient érudits, peintres, sculpteurs, poètes ou historiens, à quelque degré que les place d’ailleurs leur génie, ont lutté courageusement contre les obstacles qui menacent à leurs débuts tous les talents, mais ils en ont triomphé.

Telles sont les tendances nouvelles. Elles vont rencontrer et heurter des forces contraires, celles du passé et de la tradition, et un combat doit inévitablement s’engager entre cet esprit nouveau, tout teinté de paganisme, et celui des siècles passés, tout imprégné de christianisme, entre l’Autorité et la Raison. Cependant, comme le Christianisme ne peut pas ignorer l’art antique dont il sent et comprend toute la beauté, la lutte ne saurait être violente pour les esprits, du moins, qui ont développé leur sens esthétique et participé d’une manière quelconque à ce grand mouvement de la Renaissance ; aussi aboutira-t-elle en définitive à une heureuse conciliation. Mais encore faut-il que parmi les tendances philosophiques, celles-là soient choisies, qui, par nature, répugneront le moins au christianisme ; or, de toutes les morales anciennes, celle qui s’accorde le mieux avec les aspirations générales du monde religieux chrétien, c’est la morale stoïcienne. Son succès, par ce fait même, est donc assuré ; et comme, d’autre part, l’humanisme vulgarise les œuvres des stoïciens, nous pouvons reconnaître dans l’humanisme l’une des sources les plus fécondes du courant stoïcien.