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peler, elle a voulu lui laisser au moins le champ libre en son absence, la lâche ! »

» Alors, savez-vous ce qui m’arriva ? Je fus pris d’une sympathie, d’un intérêt étrange pour le mari de cette mauvaise femme. Je l’auscultai avec douceur et tout en prenant sa température, sans même savoir s’il me comprenait, je lui tenais des discours réconfortants et cordiaux. Je résolus de ne pas le laisser une nuit entière si seul. Il paraissait souffrir de la tête intolérablement, la fièvre persistait ; je lui donnai quelques soins, puis je m’approchai de son lit pour déchiffrer mon journal à la méchante lueur de la bougie. Seulement, j’avais compté sans les distractions ; mon journal me passionnait bien moins que ce crime caché qui se commettait ici, dans l’incognito de cette chambre ; la jolie Marie-Thérèse, la douce et troublante brune s’enfuyant clandestinement la nuit, pour n’avoir pas à aider les forces de vie revenant en ce corps qu’elle avait vendu en pensée déjà, n’était-ce pas poignant ? Quatre-vingt mille francs la mise à prix de cette vie qu’elle abandonnait de cette façon discrète et presque