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envelopper d’une tendresse farouche, désolée. Il avait fait souffrir ses enfants : comment lui pardonnerait-elle jamais ?

» Alors, je me représentais cette vie humaine entre ses mains. Elle était, dans le secret de cette chambre, la maîtresse absolue. Le moindre soulagement, il devrait le recevoir d’elle, et la faible chance de vivre qui lui restait, elle en était la dispensatrice. J’ai vu, au chevet de certains mourants, de telles femmes, si désespérément passionnées et aimantes, si intuitives, si violentes contre la mort et possédant à un tel point le sens mystérieux qui sauve, qu’il m’est venu des certitudes, deux ou trois fois réalisées, de guérison. En laissant Marie-Thérèse au chevet de son mari, je sentis qu’il ne pouvait survivre.

» Croiriez-vous qu’à ce moment, j’eus un peu de peine ? La jeune femme, le charme de ses vingt-cinq ans mélancoliques, sa poésie, ses jolis yeux fanés, tout s’assombrit sous le soupçon naissant que j’eus contre elle. C’était indéfinissable. Par moments, je voyais l’avenir tel que le ferait la disparition de cet être de