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passionnément et vous ne devez pas me soupçonner de vous faire de gaieté de cœur une grande peine. Mais celle-là, je vous l’inflige, souffrant terriblement d’y être forcé. La loi, c’est que les jeunes bâtissent leur foyer seuls, s’arrachent au nid de l’enfance, sans mêler ce qui est ancien à ce qui est nouveau.

— Ah ! gronda-t-elle, oppressée, la poitrine gonflée de révolte, voilà bien ce que je pensais ; vous voulez tuer mon passé.

— Non, mais je vous transplante dans l’avenir.

— Vous me déracinez cruellement.

— Avec l’amour, rien n’est cruel, Hélène. Si vous m’aimez, vous comprendrez. Nous devons être tout l’un pour l’autre. Je vous veux toute à moi. Certes, je me donne entièrement à vous, mais je me demande ce qu’il adviendrait de ma constance si je vous voyais sans cesse occupée, dans notre propre maison, de celui qui vous était tout avant que je ne fusse dans votre vie. Vous ne voudriez pas lui diminuer votre tendresse. Je sens que je le jalouserais, et ce serait affreux. Puis il tombe-