Page:Yver - Un coin du voile.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

ils étaient anxieux de se connaître mutuellement davantage, mais les raisons de convenance les empêchaient de se dire rien de sérieux, et quant aux phrases banales, il leur eût répugné d’en prononcer une seule. Pourtant, quand il la reconduisit à sa place, André dit à Claudia :

— Mademoiselle, je vous remercie de l’honneur que vous m’avez fait.

Et à la façon seule dont il prononça ces mots : « l’honneur que vous m’avez fait », Claudia comprit que lui aussi la pensait dépossédée de sa fortune. Alors elle se dit :

— S’il ne danse pas ce soir avec une autre jeune fille, je croirai en lui.

Croire en lui, signifiait pour Claudia se fier à cet attrait moral qu’elle découvrait pour la première fois dans André Bertrand, s’abandonner à cette sorte d’entraînement réfléchi qu’elle éprouvait vers lui et qui venait bien plus de son propre fonds que de la personne du jeune homme, en ce sens qu’André Bertrand réalisait pour cela toutes les idées qu’elle caressait depuis quelque temps, dans sa solitude. C’était