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d’Auvergne, à une distance de cent milles, ajoutaient à l’effet.

Passé près de plusieurs chaumières, fort bien bâties en pierre et couvertes en tuiles ou ardoises, cependant sans vitres aux fenêtres : y a-t-il apparence qu’un pays soit florissant quand la préoccupation principale est d’éviter la consommation des objets manufacturés ? Un autre signe de misère que je remarque, pendant tout le chemin, depuis Calais jusqu’ici, ce sont ces femmes qui vont ramasser dans leur tablier de l’herbe pour leurs vaches. — 30 milles.

Le 11. — Vu pour la première fois les Pyrénées, à la distance de 150 milles. — Pour moi qui n’avais aperçu de montagnes qu’à 60 ou 70 milles au plus, j’entends celles de Wicklow, au sortir d’Holyhead, le coup d’œil était intéressant. L’œil, en quête de nouveaux objets, finissait toujours par se reposer là. Leur grandeur, leur cimes neigeuses, les deux royaumes qu’elles partagent, le but de notre voyage que nous savions y trouver, rendent bon compte de cet effet. Vers Cahors, le pays change et prend un aspect sauvage ; cependant partout on voit des maisons, et un tiers des terres est en vignes.

Ville laide ; les rues ne sont ni larges ni droites ; la nouvelle route est une amélioration. Le principal objet du commerce d’ici sont les vins et les eaux-de-vie. Le vrai vin de Cahors, dont la réputation est grande, provient d’une suite d’enclos très rocailleux, situés sur une chaîne de collines en plein sud ; on l’appelle vin de Grave, parce qu’il vient sur un sol de gravier. Dans les années d’abondance, le prix du bon vin ici ne dépasse pas le prix du fût ; l’année dernière, il se vendait 10/6 la barrique, ou 8 d. la douzaine. On