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façon. Je pense qu’ils amélioreraient volontiers leur pays, si la société dont ils font partie était réglée par des principes tendant à la prospérité nationale. — 18 milles.

Le 4 — Traversé une suite d’enclos, qui auraient eu meilleure apparence si les chênes n’avaient perdu leurs feuilles, par suite des ravages d’insectes dont les toiles pendent encore sur leurs bourgeons. Il en repousse de nouvelles. Traversé un cours d’eau qui sépare le Berry de la Marche ; on voit aussitôt paraître les châtaigniers ; ils s’étendent sur les champs, et donnent la nourriture du pauvre.

De beaux bois, des accidents de terrain, mais peu de signes de population. On voit aussi des lézards pour la première fois. Il semble y avoir une corrélation entre le climat, les châtaigniers et ces innocents animaux. Ils sont très nombreux, quelques-uns ont près d’un pied de long. Couché à la Ville-au-Brun. — 24 milles.

La campagne devient plus belle. Passé un vallon où les eaux d’un petit ruisseau, retenues par une chaussée, forment un lac, principal ornement de ce tableau délicieux. Ses rives ondulées et les éminences couvertes de bois sont pittoresques ; de chaque côté, les collines sont en harmonie ; l’une d’elles, couverte maintenant de bruyères, peut se transformer en une pelouse pour l’œil prophétique du goût. Rien ne manque, pour faire un jardin charmant, qu’un peu de soin.

Pendant seize milles, le pays est de beaucoup le plus beau que j’aie vu en France. Bien clos, bien boisé ; le feuillage ombreux des châtaigniers donne aux collines une éclatante verdure, comme les prairies arrosées (que je vois ici pour la première fois aujourd’hui) la