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abandonner entièrement mon journal ou le publier tel qu’il avait été écrit : traiter le public en ami, lui laisser tout voir et m’en fier à sa bienveillance pour excuser ce qui lui semblerait futile. C’est ainsi que raisonnait cet ami : « Croyez-moi, Young, ces notes, écrites au moment de la première impression, ont plus chance de plaire que ce que vous produirez à présent de sang-froid, avec l’idée de la réputation en tête : la chose que vous retrancherez, quelle qu’elle soit, eût été intéressante, car vous serez guidé par l’importance du sujet ; et soyez sûr que ce n’est pas tant cette considération qui charme, qu’une façon aisée et négligée de penser et d’écrire, plus naturelle à l’homme qui ne compose pas pour le public. Vous-même me fournissez une preuve de la rectitude de mon opinion. Votre voyage en Irlande (me disait-il trop obligeamment) est une des meilleures descriptions de pays que j’aie lues : il n’a pas eu cependant grand succès. Pourquoi ? Parce que la majeure partie en est consacrée à un journal de fermier que personne ne voudra lire, quelque bon qu’il puisse être à consulter. Si donc vous publiez quelque chose, que ce soit de façon qu’on le lise, ou bien abandonnez cette méthode, et tenez-vous-en aux dissertations en règle. Souvenez-vous des voyages du docteur *** et de madame ***, dont il serait difficile de tirer une seule idée ; ils ont été cependant reçus