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philosophe que je suis obligé de le faire, n’a en tête que la frayeur de perdre son temps et son argent. À Maison de Bourgogne, il me sembla entrer dans un nouveau monde ; non seulement le chemin bien sablé est excellent, mais le pays est tout bois et enclos. Nombreuses collines aux contours allongés, ornées d’étangs. Depuis le commencement d’août, le temps a été clair, splendide et brûlant : trop chaud pour ne pas gêner un peu vers midi ; mais comme il n’y a pas de mouches, peu m’importe. C’est là un caractère distinctif. En Languedoc, les chaleurs que je viens de passer sont accompagnées de myriades de mouches, j’en avais souffert. Bien m’en prenait d’être malade à Maison de Bourgogne ; un estomac sain n’y eût pas trouvé de quoi se rassasier ; c’est cependant une station de poste. Arrêté le soir à Lusy, autre poste misérable. — N. B. Dans toute la Bourgogne, les femmes portent des chapeaux d’hommes, à grands bords ; ils sont bien loin de faire autant d’effet que ceux en paille de mode chez les Alsaciennes. — 22 milles.

Le 6. — En route dès quatre heures du matin pour Bourbon-Lancy, afin d’éviter la grande chaleur. Pays toujours le même, enclos, affreusement cultivé, susceptible cependant d’étonnantes améliorations. Si j’y possédais un grand domaine, je ne serais pas long, je pense, à faire ma fortune : le climat, les prix, les routes, les clôtures, tout me viendrait en aide, excepté le gouvernement. D’Autun jusqu’à la Loire, se déroule un magnifique champ pour les améliorations, non point par les opérations coûteuses du dessèchement et de la fumure, mais par la simple substitution de récoltes mieux appropriées au sol. Quand je vois un aussi beau pays si pitoyablement cultivé par des métayers mourant