Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fermes M. Taylor de Bifrons en Kent, et les économistes dans leurs écrits parlent beaucoup d’une expérience entreprise selon leurs plans physiocratiques, qui, quelque absurdes qu’en fussent les principes, montrait beaucoup de mérite chez ce prince. M. Hermann m’a dit aussi qu’il a envoyé une personne en Espagne pour acheter des béliers afin d’améliorer la laine j’aurais souhaité que ce fût quelqu’un qui s’y entendît ce qu’il ne faut guère attendre d’un professeur de botanique. Ce botaniste est la seule personne que M. Hermann connaisse à Carlsruhe ; il ne peut, par suite, me donner de recommandation, et M. Taylor ayant quitté le pays, il me paraît impossible à moi, inconnu de tout le monde, de m’aventurer dans la résidence d’un prince souverain. — 22 1/2 milles.

Le 21. — J’ai passé une partie de ma matinée au cabinet littéraire à lire dans les gazettes et les journaux les détails sur les affaires de Paris ; je me suis aussi entretenu, avec quelques personnes sensées et intelligentes, sur la révolution présente.

L’esprit de rébellion a éclaté dans diverses parties du royaume, partout la disette a préparé le peuple à toutes les violences : à Lyon, il y a eu d’aussi furieux mouvements qu’à Paris ; dans plusieurs autres villes, il en est de même ; le Dauphiné est en armes, la Bretagne ouvertement soulevée. On croit que la faim poussera les masses aux excès et qu’il en faut tout craindre, au moment où elles découvriront d’autres moyens de subsistance qu’un travail honnête. Voilà de quelle conséquence il est pour chaque pays, comme pour tous, d’avoir une saine législation sur les grains, législation assurant au cultivateur des prix assez élevés pour l’encourager à s’attacher à cette culture, et préservant par