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de M. Vaucanson pour faire une chaîne. On me dit que M. Watt, de Birmingham, l’a beaucoup admirée, ce qui paraît ne pas déplaire à mes compagnons. Une autre pour denter les roues de fer. Il y a un hache-paille, d’après un original anglais, et le modèle d’une grotesque charrue destinée à marcher sans chevaux : ce sont les seules machines agricoles. Plusieurs inventions très ingénieuses pour tordre la soie, etc., etc. Théâtre-Français, le Siège de Calais, par M. de Belloy, pièce médiocre, mais populaire. Les meneurs ont décidé, pour demain, de faire déclarer illégales toutes les taxes levées sans l’autorisation des états, mais de les voter immédiatement pour un certain terme, soit pour deux ans, soit pour la durée de la session actuelle des états. Ce projet est très approuvé des amis de la liberté : c’est très certainement une mesure raisonnable, fondée sur des principes justes, et qui jettera la cour dans un grand embarras.

Le 15. — Voici un beau jour, tel que jamais on n’en eût attendu de pareil en France il y a dix ans. Il devait y avoir une discussion importante sur ce que, dans notre Chambre des communes, on appellerait l’état de la nation. Mon ami, M. Lazowski, et moi, nous étions à Versailles à huit heures du matin. Nous allâmes immédiatement à la salle des états pour nous assurer de bonnes places dans la galerie. Il y avait déjà quelques députés et un auditoire assez nombreux. Le local est trop grand ; seuls les organes de stentor ou les voix du timbre le plus clair peuvent se faire entendre ; cependant les dimensions mêmes de la salle, qui peut contenir deux mille personnes, donnent de la majesté à la scène. Elle était vraiment pleine d’intérêt. Le spectacle des représentants de vingt-cinq millions d’hommes, à