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par soirée (21 liv. st. 17 sh. 6 d.). La campagne est déserte, ou si quelque gentilhomme l’habite, c’est dans quelque triste bouge, pour épargner cet argent, qu’il vient ensuite jeter dans les plaisirs de la capitale. — 20 milles.

Le 22. — Remis mes lettres. — Autant que le comporte l’agriculture, mon objet principal, je dois acquérir toutes les notions sur le commerce que je puis obtenir des négociants, car il est facile d’avoir d’utiles renseignements en abondance sans poser de questions, qui mettront la personne interrogée dans l’embarras, et même sans en poser aucune. M. Riédy se montra très civil et satisfit à beaucoup de mes demandes ; je dînai une fois avec lui et vis avec plaisir la conversation se tourner sur le sujet important de la situation respective de la France et de l’Angleterre dans le commerce, particulièrement celui des Antilles. J’avais aussi une recommandation pour M. Espivent, conseiller au Parlement de Rennes, dont le frère, M. Espivent de la Villeboisnet, est un des notables négociants d’ici. On ne saurait être plus obligeant que ces deux messieurs ; leur conduite envers moi fut pleine d’attention et de cordialité : ils rendirent mon séjour en cette ville à la foi instructif et agréable. La ville a, dans ses nouvelles constructions, un signe de prospérité qui ne trompe jamais. Le quartier de la Comédie est magnifique, toutes les rues sont en pierre de taille et se coupent à angle droit. Je ne sais si l’Hôtel de Henri IV n’est pas le plus beau de l’Europe : celui de Dessein, à Calais, a de plus grandes dimensions ; mais il n’est ni construit, ni distribué, ni meublé comme celui-ci, que l’on vient d’achever. Il revient à 400,000 livres, avec le mobilier (17,500 liv. st.), et