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jusque-là en fait de voyages et qui n’était ni politique, ni artistique, ni moral, ni sentimental. Young avait trouvé une excellente raison pour s’abandonner à son génie vagabond et expansif ; il entreprit de faire pour le Nord ce qu’il avait fait pour le Sud, puis il se tourna vers l’Est, puis il passa la mer et parcourut l’Irlande pendant les années 1776-77-78 et 79. Il était libre alors et put donner pendant plus d’un an des soins particuliers aux domaines de l’un de ses grands admirateurs, le lord vicomte Kinsborough, situés dans le comté de Cork.

Un peu de lassitude le ramena au berceau de la famille : « Le sein paisible de l’ermitage de ma bonne mère, Bradfield, lieu de ma naissance, dit-il, s’ouvrit encore pour nous. » À peine y était-il installé que sa mère mourut. Les arrangements pris à l’occasion de cette mort montrent l’esprit d’union et de désintéressement qui régnait entre les frères. L’aîné, resté célibataire, pourvu d’une riche prébende, voyant Arthur chargé de famille et n’ayant qu’un capital réduit, proposa à leur mère un testament que lui-même écrivit et par lequel celle-ci laissait à son second fils le domaine patrimonial. La plus grande partie était louée. Assagi par l’expérience, Arthur Young ne prit en main l’exploitation qu’au fur et à mesure de l’expiration des baux ; il se trouvait de la sorte toujours à la hauteur des exigences croissantes. Deux autres héritages, provenant des sœurs de sa mère, lui vinrent également fort en aide. Pour l’un il eut à plaider et gagna. Pour l’autre il eût certainement perdu si son cousin, John Newman Coussmaker de Hackney, avait consenti fi prendre avantage d’une rature, faite par mistress Coussmaker après la rédaction de son testament et qui l’entachait de nullité. Mais bien loin qu’il en fût ainsi, Coussmaker demanda le premier à ce qu’un acte en due forme vînt assurer l’accomplissement d’un vœu qu’il tenait pour sacré.