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dernière ville, je me trouvai si mal par suite, je crois, de rhumes négligés, que j’eus peur de tomber malade ; je m’en ressentais dans tous mes membres, j’étais accablé d’une pesanteur générale. Je me couchai de bonne heure, et une dose de poudre d’antimoine provoqua chez moi une transpiration qui me soulagea assez pour reprendre mon voyage. — 23 milles.

Le 26. — Valognes ; de là jusqu’à Cherbourg le pays est très boisé et ressemble au Sussex. Le marquis de Guerchy m’avait prié de rendre visite à M. Doumerc, cultivateur très entreprenant, à Pierre-Buté près Cherbourg ; je le fis ; mais M. Doumerc était à Paris ; cependant son régisseur M. Baillio mit une grande courtoisie à me montrer et à m’expliquer tout. — 30 milles.

Le 27. — Cherbourg. J’avais des lettres de recommandation pour M. le duc de Beuvron, qui commande la ville, le comte de Chavagnac et M. de Meusnier, de l’Académie des sciences, traducteur des voyages de Cook ; le comte est à la campagne. J’avais tant entendu parler des fameux travaux entrepris pour faire ici un port, que je ne voulais pas attendre un moment de plus pour les voir : le duc m’accorda un laissez-passer ; je pris un bateau et me fis conduire à travers le port artificiel formé par les fameux cônes. Comme ce voyage peut être lu par des personnes n’ayant ni le temps, ni le désir de chercher dans d’autres livres la description de ces travaux, je ferai en quelques mots une esquisse des intentions qui y ont présidé et de l’exécution qui a suivi. De Dunkerque jusqu’à Brest la France n’a pas de port militaire ; encore le premier ne peut-il recevoir que des frégates. Cette lacune lui a été fatale plus d’une fois