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pâturages. Gagné Lisieux à travers la même riche contrée ; haies admirablement plantées ; le sol est divisé en nombreux enclos et très boisé. Descendu à l’hôtel d’Angleterre, nouvel établissement propre et bien monté ; j’y fus parfaitement traité et servi. — 26 milles.

Le 20. — Caen. Le chemin gravit une hauteur qui domine la riche vallée de Corbon, la plus fertile du pays d’Auge. Elle est remplie de beaux bœufs du Poitou, et se ferait remarquer dans le Leicester et le Northampton. — 28 milles.

Le 21. — Le marquis de Guerchy, que j’avais eu le plaisir de voir en Suffolk, était colonel du régiment d’Artois, en garnison ici ; j’allai lui rendre visite ; il me présenta à la marquise. Comme la foire de Guibray allait avoir lieu et qu’il s’y rendait lui-même, il me fit remarquer que je ne pouvais rien faire de mieux que de l’accompagner car cette foire était la deuxième de France. J’y consentis ; en chemin, nous passâmes par Bon pour dîner avec le marquis de Turgot, frère aîné du contrôleur général si justement célèbre ; lui-même est auteur de quelques mémoires sur les plantations, publiés dans les Trimestres de la Société royale de Paris. Il nous fit voir, en nous les expliquant, toutes ses plantations ; il se glorifie surtout des plantes étrangères, et j’eus le chagrin de m’apercevoir qu’il songeait un peu moins à leur utilité qu’à leur rareté. Ce travers n’est pas peu commun en France, non plus qu’en Angleterre. Je voulais, à chaque moment de cette longue promenade, amener la conversation des arbres sur la culture ; je fis même plusieurs efforts, mais en vain. On passa le soir au théâtre, jolie salle ; on donnait