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L’inventaire des ustensiles d’une auberge de France ne doit faire mention ni de têtes-de-loup, ni de balais de crin, ni de brosses. De sonnettes, il n’en est pas question, il faut brailler après la fille, qui, lorsqu’elle paraît n’est ni propre ni bien habillée, ni jolie. La cuisine est noire de fumée ; le maître est ordinairement aussi cuisinier ; moins on voit ce qui s’y fait, plus il est probable que l’on conservera d’appétit, mais ceci n’a rien de particulier à la France. Grande quantité de batterie de cuisine en cuivre, quelquefois mal étamée. La politesse et les attentions envers leurs hôtes semblent rarement aux maîtresses de maison un des devoirs de leur état. — 30 milles.

Le 28. — Après dix jours passés dans le logement que les amis du comte de Larochefoucauld nous ont procuré, il est temps de prendre note de quelques particularités de notre manière de vivre ici. M. Lazowski et moi nous avons occupé deux belles pièces au rez-de-chaussée, ayant chacune un lit, plus une chambre de domestique pour 4 livres (3/6) par jour. Nous sommes si peu habitués en Angleterre à habiter dans nos chambres à coucher que l’on trouve singulier qu’en France on ne se tienne nulle part ailleurs ; c’est ce que j’ai vu dans toutes les auberges, c’est ce que fait ici tout le monde sans différence de rangs. Ceci m’est nouveau : notre coutume anglaise est bien plus commode et bien plus agréable. Mais j’attribue cette habitude à l’économie française.

Le lendemain de notre arrivée, je fus présenté à la société Larochefoucauld avec laquelle nous vivons ; elle se compose du duc et de la duchesse de Larochefoucauld, fille du duc de Chabot ; de son frère, le prince de Laon ; de la princesse, fille du duc de Montmorency ;