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cer, et enfin il perdit complètement sa générosité naturelle, et son dernier duel le laissa presque sans remords. Cependant c’était dans ce dernier qu’il avait été le plus coupable. Il avait été l’agresseur, et le capitaine Wellwood, sa victime, laissait une femme et des enfants sans appui. Mais enfin, lorsque le malheureux M. Morville vit son fils, dans la fleur de la jeunesse, apporté sans vie au château, ses propres fautes lui revinrent en mémoire ; il se les reprocha d’autant plus vivement qu’il avait donné à son fils l’exemple de celles qui l’avaient conduit au tombeau. Et, depuis cette heure, il ne cessa d’éprouver un repentir égal à ses crimes.

Il osait à peine espérer que son petit-fils lui fût conservé. À peine osait-il même souhaiter à cette jeune plante une vie qu’il entrevoyait si pleine d’écueils et de tempêtes ! Mais, à mesure que cet enfant grandit, ses qualités lui attachèrent passionnément son grand-père, dont toute la crainte était de le voir plus tard succomber aux tentations d’un monde qu’il ne connaissait pas encore. Il lui fit donc le récit de sa vie, et l’effet de ses révélations dépassa de beaucoup ce que le vieillard avait attendu. Quel coup, pour une âme aussi pure que celle de Walter, de découvrir que le grand-père qu’il vénérait si profondément avait été un meurtrier ! Il l’écouta en silence, la figure cachée dans ses mains ; puis, quand le vieillard se tut, le jeune garçon se jeta à genoux auprès de lui, et le caressa comme il le faisait dans son enfance.