Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

de courants, qui viennent se joindre ensemble, l’entourent comme une ceinture. On amène leurs eaux pour arroser les champs. La nature du sol est favorable au millet rouge, au blé tardif, au jujubes odorantes, aux raisins, aux poires et aux prunes. Le climat est doux et tempéré ; les mœurs sont droites et honnêtes. L’écriture est empruntée à l’Inde et n’a éprouvé que peu de modifications[1]. Les vêtements sont faits de coton ou de laine ; les habitants coupent leurs cheveux ras et ne portent pas de bonnet. Dans le commerce, ils font usage de monnaies d’or et d’argent et de petites pièces de cuivre. Le roi est originaire de ce royaume. Il a du courage, mais peu de talents militaires ; il aime à se vanter. Ce royaume ne possède point de code ; l’ordre et la paix se maintiennent sans le secours des lois. Il y a une dizaine de couvents où l’on compte environ deux mille religieux de l’école Choue-i-tsie-yeou-pou (ou des Sarvâstivâdas), qui se rattache au petit Véhicule. La doctrine des livres sacrés et les règles de la discipline étant précisément celles des Indiens, c’est dans leurs livres mêmes que les étudiants les apprennent. Les religieux s’acquittent de leurs devoirs et observent les règles de la discipline avec une pureté sévère et un zèle persévérant. Ils se nourrissent de trois sortes[2] d’a-

  1. Littéralement : elle a eu peu d’additions et de retranchements.
  2. Au lieu de trois aliments purs, on en trouve cinq dans le Dictionnaire San-thsang-fa-sou (liv.XXIV, fol. 24) : 1° (les fruits) qui ont été épurés par le feu ; 2° épurés avec le couteau, c’est-à-dire pelés et débarrassés des pepins ; 3° épurés avec l’ongle (qui a enlevé l’écorce, la pelure, la capsule des graines, etc.) ; 4° les fruits qui se sont séchés