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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

recueille ses reliques, et qu’il leur offre lui-même ses hommages. »

À ces mots, le Tathâgata s’élança dans les airs avec toute sa suite, et disparut.

Comme le roi Chang-kiun (Outtarasêna râdjâ) était occupé à la chasse, il aperçut de loin l’intérieur de son palais, éclairé par une lueur extraordinaire, et soupçonna qu’elle provenait d’un incendie. Il quitta la chasse et s’en revint en toute hâte. Il vit alors sa mère qui avait recouvré la vue ; il en fut transporté de joie, et l’interrogea ainsi : « Combien de temps après mon départ est arrivé cet heureux prodige qui a permis à ma tendre mère de revoir le jour comme auparavant ?

— À peine étiez-vous sorti, lui dit-elle, que le Tathâgata est descendu ici. Aussitôt après avoir entendu le Bouddha expliquer la loi, j’ai recouvré la vue. En sortant d’ici, le Tathâgata s’est rendu dans la ville de Keou-chi (Kouçinagarî), où il doit entrer dans le Nirvâṇa entre deux arbres So-lo (Sâlas). Il vous invite à y aller promptement, pour recueillir une partie de ses restes (Çarîras). »

En entendant ces paroles, le roi poussa des cris de douleur, et tomba sans mouvement. Ayant repris ses sens longtemps après, il fit apprêter son char et s’y rendit en toute hâte. Quand il fut arrivé auprès des deux arbres So-lo (Sâlas), le Bouddha était déjà entré dans le Nie-pan (Nirvâna). À cette époque, les rois des différents royaumes, qui le méprisaient comme habitant un pays frontière, et attachaient une valeur infinie aux