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Quel heureux voyage, maintenant qu’elle le revoyait à distance, en comparaison avec sa vie présente ! Elle eut l’idée que, si elle retournait en Italie, elle ne songerait plus à son mal. Mais non, c’était là qu’elle avait le plus souffert, comment pouvait-elle l’oublier ? Elle n’avait pas cessé de désirer la compagnie d’un homme tout à l’aimer, dans cette Florence d’une si charmante distinction ; et chacune des admirations qu’elle y avait éprouvées avait fait en elle un vide douloureux, lui apparaissant aussitôt mesquine et sans importance, puisqu’il n’y aurait jamais personne pour s’y intéresser.

Souvent, lorsque sa douleur était trop vive, elle essayait d’écrire, avec un sentiment confus de gloire et de supériorité littéraire. Elle avait fait des vers, commencé un roman. Désormais, elle projeta de s’occuper uniquement d’une œuvre de pensée, entrevoyant déjà un