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de ses sentiments. Elle rougit de honte : elle se rappela un bal à Édimbourg où elle était allée le printemps passé, et comme ses rares danseurs avaient eu une mine embarrassée dans sa compagnie. Et elle avait eu la faiblesse d’aller à ce bal, elle l’aurait encore ! Ne perdrait-elle donc jamais cet espoir insensé, qui ne lui apportait que douleur ? Ainsi sa souffrance se précisait, compliquée de remords et de folles épouvantes ; vainement elle avait cru d’abord la calmer ou la distraire, elle la sentait si vive qu’elle dut s’enfuir du parlour, sitôt la lecture finie.


II


Dans sa chambre, Kate courut tout de suite à la glace qui surmontait la petite table de toilette. Pourquoi avait-elle pris cette habitude de ne pouvoir passer devant un miroir sans s’y regarder, sûre qu’elle devait être d’y retrouver le souvenir de son tourment ? Il lui semblait