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L’ART WAGNÉRIEN

phonie en la et de la Pastorale (où il y a un si bel orage !), est unanime à apprécier le génie de l’Aigle de Bonn : une place lui est donnée, dans l’estime universelle, à côté de Mendelssohn, et, sur le fronton de notre Grand-Opéra, entre Boïeldieu et Berton. Seuls les jeunes wagnéristes lui reprochent un usage immodéré de la grosse-basse, avouant, d’ailleurs, qu’il était pour son temps, uu maître vraiment fort, et même, pour le nôtre, un précurseur. Cette année, au concours public du Conservatoire, le final de sa sonate op. 27 fut joué dix-neuf fois de suite, par dix-neuf jeunes gens très distingués. On peut même, tous les trois ou quatre ans, entendre à Paris un de ses derniers quatuors (au moins en partie), exécuté par une société spéciale qui le joue tout à fait à la manière d’un quatuor de M. Vieuxtemps.

Son noble front (considérablement agrandi, à cet effet, par nos photographes), était bien digne, de ces lauriers. Il recouvrait un cerveau où furent senties et vécues, et recréées parfaitement, toutes les douleurs, les espérances et les joies de la nature humaine.


VI

Pendant que la musique instrumentale moderne créée par Sébastien Bach, était légitimée par le maître Beethoven, une autre forme musicale, l’opéra, née presque vers le même temps, occupait maints artistes mémorables. La différence des deux formes, à dire vrai, était plutôt