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EN MATIÈRE D’ÉPILOGUE

chagrin, n’ayant point dans sa tête des formules de cosmographie pour l’empêcher de les aimer. Il leur demandait pourquoi elles ne l’avaient pas aidé à devenir aussi intelligent qu’Émile, aussi plein de mémoire qu’Édouard, aussi hahile qu’Adolphe à dire la même chose dans plusieurs langues à la fois. L’intelligence et le savoir, pourtant, c’était cela seul qui donnait le bonheur, c’était cela seul que ses maîtres avaient récompensé, cela seul qu’avait loué le vieil académicien qui avait présidé la distribution : et c’était cela seul, apparemment, qui valait aux collégiens les sourires de la jolie sœur d’Adolphe, blonde avec des dents si blanches et des yeux si profonds !

Mais voici que tout d’un coup, par un de ces enchantements qu’on ne trouve que dans les rêves, Albert vit les étoiles s’effacer, et, à leur place, il vit se dérouler une façon de panorama où étaient peintes — jamais il n’a su dire comment — les destinées futures de ses trois camarades, Edouard, Adolphe et Émile.


Ah ! le vieil académicien avait eu raison de vanter la science, car la science avait donné à Edouard une enviable apparence de satisfaction ! Professeur, à son tour, de sciences physiques et naturelles, il était rouge, ventru, enchanté de lui-même, autant dire heureux. Personne ne savait plus de choses que lui : il avait le crâne absolu-