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ALBERT, OU LE VRAI SURMENAGE
CONTE POUR LES MAUVAIS ÉLÈVES
(Figaro, 7 août 1892)

Tous les ans, pendant ces semaines d’été où la vanité naturelle de vos camarades les bons élèves s’exalte encore sous une averse de banales félicitations, de sots livres mal reliés, et de couronnes en papier peint, mon cœur est tout entier avec vous, cancres des lycées et collèges, doux amis, vous qui jamais n’avez pris votre part d’aucune Saint-Charlemagne, ni vu votre nom imprimé sur aucun palmarès. Je vous imagine subissant, avec un dépit peut-être mêlé de remords, les humiliations que chacun se croit tenu de vous infliger ; et je vous plains et je vous aime, et je songe aux moyens de vous consoler. Voici un petit conte de mon pays que j’ai traduit à votre intention ; je puis, moi aussi, m’autoriser auprès de vous du titre d’ancien professeur de l’Université.


Albert le mauvais élève était bien triste, ce soir-là. On avait distribué des prix l’après-midi aux