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LA RELIGION DE L’AMOUR ET DE LA BEAUTÉ

raire : tant une scrupuleuse orthodoxie y est adroitement conciliée avec la critique la plus libérale, et le respect de la légende avec la crainte de l’histoire.

Ce sont deux beaux livres ; mais le livre de M. Sabatier m’a plu davantage encore, parce qu’il ma semblé plus catholique, ou, si l’on préfère, plus franciscain. La figure du saint y paraît plus sainte. Caries écrivains catholiques ont beau faire : ils sont obligés de choisir, parmi plusieurs versions, la seule qui soit admise par leurs devanciers ; et, avec tout leur libéralisme, il y a des cùtés du génie de saint François qu’ils sont obligés de laisser dans l’ombre : non point, certes, par orthodoxie, mais par une sorte de déférence pour d’autres saints, qui ont dirigé leur sainteté dans des voies différentes. Ils sentent bien, par exemple, que saint François n’aimait guère Ja théologie, ni en général tous les exercices de l’esprit : mais, à insister sur ce point, ne risqueraient-ils pas de manquer de courtoisie envers saint Antoine de Padoue, qui fut un théologien si utile, et envers tant de pieuses personnes qui préparent des examens et qui écrivent des livres ?

Et ce n’est pas tout. Les écrivains catholiques sont encore obligés de tenir compte de toutes les légendes, et de les considérer toutes comme de vraies histoires, tandis que beaucoup d’entre elles gagneraient à n’être tenues que pour de poétiques images. Telles, par exemple, les innombrables légendes qui attribuent à des songes les actions mémorables de saint François d’Assise. À les prendre