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LA SCIENCE

parfois de voir partout, autour de moi, l’influence du comte Tolstoï. Mais je n’ai point lu encore un roman aussi ouvertement tolstoïen que ces Morticoles de M. Daudet : la médecine et les médecins y sont traités exactement au même point de vue que dans la Sonate à Kreutzer. Et à toutes les pages de son livre, sous chacun des épisodes, toujours M. Daudet nous a fait voir, comme avait fait avant lui le maître russe, les funestes effets d’une soi-disant science qui n’est rien qu’ignorance, et qui détourne les hommes de leurs anciennes sources de repos et de consolation, sans être le moins du monde en état de leur en fournir de nouvelles. Ainsi il nous a donné un beau livre, un livre vraiment chrétien ; et tous ceux-là devront lui en savoir gré qui, à l’ignorance agitée et dangereuse des savants, préfèrent une ignorance plus tranquille, plus douce, tempérée par la foi et par la bonté.