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NOS MAÎTRES

commandées quelque temps auparavant. Les photographies, malheureusement, n’étaient pas prêtes : si hien que, après avoir vérifié le cliché, le jeune homme est parti, promettant de revenir. Mais ce pauvre jeune homme n’est pas revenu ; et on trouvera déjà bien étonnant qu’il soit venu ce matin-là, car, au même instant, il était en train d’agoniser dans un village voisin. Son « double », apparemment, ne lui suffisait pas comme reproduction de sa figure mortelle ! Inutile d’ajouter que rien ne manque, pour garantir l’authenticité de cette anecdote : témoignages, contre-épreuves, photographies des personnes et des lieux, etc.

La plupart des doubles paraissent animés d’excellentes intentions. Quelques-uns pourtant sont méchants : tel celui qui, escorté d’un double de chien, est venu assaillir et rouer de coups M. James Durham, aiguilleur à la gare de Darlington. Les doubles russes, en particulier, prennent un fâcheux plaisir à tourmenter les touristes anglais.

Quant aux faits de clairvoyance (on entend bien que cette clairvoyance-là consiste pour le moins à voir d’Europe des choses qui se passent en Amérique), quant aux pressentiments, aux avertissements donnés par des voix intérieures, M. Stead lui-même s’est vu forcé à n’en presque point parler, tant les cas étaient nombreux et rendaient banale cette partie de son sujet. Il s’en est tenu, parmi les cas avérés, à ceux qui offraient des particularités amusantes. Il en a cité d’impayables.