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LA SCIENCE

et il ne leur vient pas à l’esprit que peut-être la fleur, la couleur qu’ils sentiront ou verront demain, eux-mêmes, dans les bras de leurs épouses, n’est point plus extérieure, plus réelle, comme ils disent, que ces fantômes de la modiste ! Et le bon M. Crookes, qui recourt à un appareil de photographie contre les hallucinations ! Mais cet cippareil et ce qui en sortira, qu’est-ce donc, sinon toujours les idées, les pensées intimes de M. Crookes ? L’âme crée le monde, qui est son reflet, l’enfantement de ses désirs ; et, suivant que l’âme est disposée d’une façon ou d’une autre, c’est-à-dire suivant les motifs qui la dominent, elle crée le monde de différentes façons. Voilà pourquoi le soleil a tourné autour de la terre, et pourquoi c’est lui maintenant qui reste immobile. Voilà pourquoi les miracles ont été possibles et réels, jadis, puis sont devenus impossibles, et maintenant redeviennent usuels, parce que nos âmes nont plus de répugnance à les admettre pour vrais. C’est l’âme qui impose des lois aux choses, mobiles Heurs de sa fantaisie ; et l’âme a le pouvoir de changer les lois et les choses, lorsqu’elle est amenée à le vouloir.

« Tu réclamais de l’ésotérisme, mon enfant ? Voici le seul ésotérisme ; il est simple, assuré, et puis il est carrément ésotérique et t’appartient bien en propre, attendu que tu es seul réel : Tout est possible dès que ton esprit peut le concevoir ; et tout devient réel, dès que ton esprit a plus de motifs pour le vouloir que pour s y refuser. Et maintenant tu comprendras mieux la science, quitte à la