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LA SCIENCE

avait été arrogant et subtil quand il se savait encore le prince Tchernowied.

Tel est, si je puis dire, le schéma des événements que me narrait ma nourrice, dans son zèle à me révéler quelques-uns des principaux secrets de la vie.

Je l’écoutais avec sympathie, car j’avais alors trois ans, et point d’autre affaire. Mais j’éprouvais devant ce récit ce qu’éprouvent devant des récits pareils tous les enfants européens depuis 1789 : un sincère dédain et une incrédulité mêlée de pitié. Tout au plus trouvais-je quelque considération pour la fantaisie des détails, et telles métaphores assez suggestives.

Ma vieille nourrice est morte, depuis ces lointaines leçons, et je suis resté incrédule à l’histoire du berger Ghalek : incrédule un peu par raison, un peu par contenance, sans bien savoir, à dire vrai, pourquoi je n’admettais point ces événements-là aussi bien que tant d’autres.

Hier, c’était le jour anniversaire de la froide soirée d’automne où ma vieille nourrice est morte. J’ai célébré cette date en songeant à elle ; et je me suis rappelé l’anecdote de la princesse Marysia. J’ai ressenti alors comme un remords de mon indolente et pertinace dénégation, et je me suis résolu à m’enquérir enfin sérieusement des raisons décisives qui annulaient, au point de vue de l’exactitude, l’histoire du berger Chalek et de la blonde Marysia. Ma digne éducatrice méritait bien — n’est-ce pas ? — une réfutation plus en règle de ses absurdes croyances I J’allai trouver un véné-