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NOS MAÎTRES

dans une lumière si douce, si variée, ni qui nous les rendît si aimables.

Il en est de même encore pour ce gracieux petit livre de M. Marcel Schwob, les Mimes, qui n’est, lui aussi, qu’un jeu ; mais le jeu charmant d’une âme de poète : et je ne puis dire l’exquise impression que j’en ai rapportée.

J’imagine que M. Schwob a voulu simplement continuer la série des Mimes du vieux poète Hérondas. Il l’a continuée, en effet ; chacun de ses petits poèmes en prose nous offre une image simple et vivante des mœurs grecques, une image pour ainsi dire antique, légère, mobile, un peu effacée, comme si les siècles avaient pris soin d’en adoucir la couleur. Mais on ne tarde pas à s’apercevoir que ces poèmes, qu’on aurait pris d’abord pour des traductions d’œuvres perdues d’Hérondas ou de Théocrite, sont en outre imprégnés d’un esprit tout moderne : et l’on y retrouve, sous le délicieux appareil de cette forme et de ces peintures antiques, les qualités singulières qui donnent aux contes de M. Schwob une saveur si nouvelle.

Ces précieuses qualités du talent de M. Schwob, on les a dites déjà, et mieux infiniment que je ne saurais les dire. Il y a dans le Roi au Masque d’Or et dans quelques-uns des contes publiés à sa suite, une soi’te de douceur tragique que je ne crois pas avoir jamais rencontrée ailleurs. Jamais personne n’a été aussi à l’aise dans l’incroyable et le surnaturel : jamais personne n’a su raconter d’aussi étranges visions sur un, ton aussi calme, relevé