Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée

JULES LAFORGUE ET SES MORALITES LÉGENDAIRES

(Revue indépendante, décembre 1887)

Ou ne peut plus s’asseoir, tous les bancs sont mouillés : dois-moi, c’est bien fini jusqu’à l’année prochaine, Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouilles. Ah ! nuées accourues des côtes de la Manche, Vous nous avez gâté notre dernier dimanche !

C"est la saison, — déchirements — c’est la saison. >’ul n’en rendra raison. Tous les ans, tous les ans, J’essaierai, en chœur, d’en chanter la note.

Je me rappelle ces vers de Jules Laforgue, ces vers qu’il écrivait à la venue de l’hiver dernier. Voici qu’est arrivé l’hiver nouveau, qui n"a point voulu que mon pauvre ami essayât encore d’en chanter la note. Et, lorsque je vois tomber, incessante et sale, cette pluie d’hiver mêlée de neige, il me semble que. après tout, Jules Laforgue a eu raison de s’en être allé. J’imagine ce qu’il eût souffert, là-bas, au long de ces lugubres jours sans soleil, avec la cruelle musique du vent sur les fenêtres, écrasé par cette pesanteur de mort qui s’abat dans les veines et dans l’âme, quand vient novembre. À Paris, ou à Alger, l’hiver l’eût rejoint, comme il ma rejoint dans le village de Pro-