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NOS MAÎTRES

songe, un sujet excellent pour un historien élève de M. Taine. Car on sait que, pour l’auteur de l’Histoire de la Littérature anglaise, tout homme n’est que le produit, à un moment donné, d’un concours déterminé de circonstances extérieures : il ne vaut à nous intéresser que comme le représentant d’une race, d’une époque, d’un pays, d’une condition physique et sociale ; et à ce point de vue, plus l’homme est médiocre, plus il a de chances pour représenter l’ensemble des circonstances où il a vécu. Ce fut toujours le tort de M. Taine de prendre, pour illustrer sa méthode, des personnages célèbres, importants, exceptionnels, et qui, par leur originalité même, étaient les moins aptes à servir d’exemples de l’humanité de leur temps. Mais Sydney Smith, avec ses qualités moyennes, avec son petit talent et sa petite gloire, c’était absolument le sujet qui convenait pour une telle méthode de critique. Et M. Chevrillon nous dit lui-même, à plusieurs reprises, qu’il n’a pas eu d’autre intention en le choisissant. « Sydney Smith, écrit-il, a joué un rôle très modeste dans l’évolution sociale de l’Angleterre. Ce ne fut pas un de ces esprits exceptionnels que fabrique de temps en temps la nature, et dont les traits essentiels ne sont des copies de rien. C’était plutôt un bel exemplaire, très pur et très complet, d’un type tiré dans son pays à beaucoup d’éditions. C’est une des raisons qui l’ont fait choisir pour sujet de cette étude. »

Et les lecteurs du livre de M. Chevrillon ne s’en plaindront pas. Car, au lieu d’une monographie, ils ont tout un recueil de peintures, d’explications et