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NOS MAÎTRES

Cette méthode, cependant, M. Taine l’a créée si complexe, et en même temps si homogène, qu’il est pour ainsi dire impossible d’en démonter les parties. Tout s’y tient, le raisonnement et le style, la conception de l’ensemble et la composition des détails. En sorte que je ne sais trop de quelle façon je pourrais m’y prendre pour vous montrer l’application qu’en a faite M. Chevrillon ; mais je vous assure qu’il en a fait l’application la plus heureuse, et sans omettre un seul de ses procédés essentiels.


On devine aussitôt, par exemple, qu’il a choisi son sujet non point par une curiosité spéciale de ce sujet-là, mais en quelque sorte au hasard, et qu’il aurait traité tout aussi bien une autre figure d’un autre temps, voire d’un autre pays. L’important, en effet, pour un élève de M. Taine, ce n’est pas de choisir son sujet, mais d’appliquer à un sujet quelconque, une fois choisi, l’appareil complet de la méthode que l’on sait. Tous les sujets n’ont été ainsi pour M. Taine que des exercices, des prétextes à faire manœuvrer son admirable appareil de raisonnements et d’images.

Ce qui a conduit M. Chevrillon à étudier, dans un massif volume de 420 pages, la vie et les écrits de Sydney Smith, ce n’était certainement pas la vie, et pas davantage les écrits de Sydney Smith. Ce Sydney Smith était un brave pasteur anglais des premières années de ce siècle, qui avait collaboré à la Revue d’Édimbourg, et publié deux ou trois