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NOS MAÎTRES

La politique scientifique doit connaître les lois de l’évolution, les tourner au profit de l’humanité. Le monde fut commencé par le hasard : il doit être continué par l’homme intelligent.

Sur ces deux vérités, M. Renan fonde une théorie politique d’un dogmatisme si complet, que nulle phrase, en ses écrits, n’est étrangère ou opposée à cette conception totale.

L’homme, maître du monde par la science, doit le réformer. Dans quel but ? Dans le but de son bonheur humain. Mais les bonheurs sont différents, suivant les hommes. Il faut donc que les plus intelligents connaissent, avec les lois de l’Univers, les besoins des autres hommes, et utilisent ces lois à satisfaire ces besoins. Et il faut encore que les besoins de chacun servent aux besoins de tous, c’est-à-dire que le travail total soit divisé entre les hommes, afin que tous puissent, en satisfaisant leurs désirs particuliers, permettre aux autres la satisfaction des autres désirs.

Cette division du travail doit être garantie et maintenue par le moyen des lois même de l’évolution. L’homme, dit M. Renan, deviendra maître de la matière. Un chimiste, ayant la loi de l’atome, transformera toute chose : un biologiste modifiera les conditions de la vie. La science acquerra la loi qui détermine le sexe de l’embryon, et pourra l’appliquer à volonté. Une fabrique d’Ases, d’hommes nouveaux, pourra être constituée : on développera, par sélection, chez les hommes diversement prédisposés pat* l’évolution antérieure, les organes nécessaires à leur bonheur, nécessaires