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RENAN ET TAINE

que M. Renan admet également. Il reconnaît que révolution se fait sous les formes de la transmission héréditaire, de la sélection, de la lutte pour l’existence, de l’action réciproque entre les organes et les fonctions.

La transmission héréditaire, qui lègue aux enfants les qualités acquises par les parents, est, pour M. Renan, évidente et d’extrême valeur. « Le développement premier de l’embryon, la façon dont chaque individu s’épanouit dans la vie, est le résultat d’habitudes et d’expériences acquises par les êtres antérieurs. Chaque être a vécu en ses aïeux, a subi leur attitude, a obéi à leurs désirs et à leurs sentiments dominants. L’arrière-petit-fils du serf est courbé encore : le raïa émancipé se détourne instinctivement du chemin devant celui qui a fait trembler son grand-père. »

M. Renan admet aussi la production indéfinie des êtres dans la nature. « La Nature, dit-il, agit à la façon d’un ouvrier qui gâche largement sa matière, et la dépense avec profusion. C’est un semeur, qui jette sa semence au hasard, sans s’inquiéter du grain qui tombe sur la pierre. »

Ces êtres innombrables tendent à vivre : mais les moyens de vivre étant limités, et la production des êtres illimitée, naît la lutte. Les plus forts, les plus aptes à vivre, survivent, tandis que périssent, par millions, les êtres plus faibles à cette bataille. C’est la sélection naturelle ; et M. Renan l’affirme, en la désignant seulement par d’autres métaphores.

Enfin le progrès, le passage du simple au com-