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NOS MAÎTRES

superflus ; ils travaillent à subsister parmi l’ordre renouvelé des choses. Elles caractères de la race, en ces derniers exemplaires, se compliquent et s’affinent ; et puis à leur tour ils périssent : la vie universelle refusant toute place à de si tardives exceptions.

Pareillement on peut concevoir que, malgré la bonne volonté de nos démocraties, quelques individus de la race des princes aient survécu à la destruction, conservant dans un coin ignoré du monde les qualités spéciales de leur race : princes par Fauthentique filiation de leurs pères, ou bien parce que l’éblouissant prestige d’un nom féodal, aux premières années enfantines, a versé dans leurs veines le sang très désiré, et les a sacrés, mieux que n’eussent fait les générations, d’un sceau de noblesse princière. Et l’on peut encore supposer que les hasards de l’existence conduisent vers nous, à Paris, l’un de ces phénomènes, germé sur le sol mystérieux de quelque Bretagne. Le prince ainsi amené au jour de l’existence parisienne sera pauvre : soit qu’il arrive sans fortune, ou que, dès les premiers jours, il dissipe, dans sa fatale ignorance des choses nouvelles, les pécules apportés. Il s’efforcera sans doute, lui aussi, de perdre les caractères de sa race, les sentant funestes. Mais, s’il n’y réussit pas, si l’influence du sang est trop forte en lui, les attributs princiers de son âme s’accentueront sans cesse davantage, au contact de la différence ambiante. Et voici peut-être la vie qu’il vivra, parmi nous.

Les caractères essentiels de sa race, en lui affer-