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I
LE PESSIMISME DE RICHARD WAGNER
(Revue Wagnérienne, juillet 1885)
La mystérieuse Inconnue sise au fond des choses n’est-elle point, seulement, l’Inconnue cachée au fond de nos âmes ?
Kant.


Notre littérature française, qui, depuis cent ans, est restée toujours si étrangement la même, s’est en revanche divertie à revêtir sans cesse les plus contraires appellations. Elle a été le Romantisme, et le Réalisme, et le Naturalisme, et le Dilettantisme ; elle semble vouloir s’appeler aujourd’hui, décidément, le Pessimisme. Elle nous donne des romans pessimistes, des drames pessimistes, des poèmes pessimistes, des œuvres de critique pessimistes[1].

À quel changement de la matière artistique peut bien répondre ce changement de formes et de noms ? Être plus pessimiste que les romantiques et les naturalistes, la nouvelle littérature ne sau-

  1. C’était en etfet le temps où le Journal d’Amiel, la Course à la mort de M. Édouard Rod, Cruelle énigme de M. Bourget avaient mis en vogue le mot de pessimisme dans nos petits milieux littéraires.