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II
LE SYMBOLISME DE M. MALLARMÉ
(Revue indépendante, février 1887)

Depuis tant d’années que j’en entends parler, je ne comprends pas encore bien exactement, je l’avoue, ce qu’est un symbole : ou plutôt je cesse de plus en plus de le comprendre, devant la multiplicité des significations dont on accable ce mot. Un symbole, c’est toujours, je pense, un signe, c’est-à-dire un objet destiné à représenter un autre objet. On peut donc être symboliste lorsqu’on emploie des signes pour exprimer sa pensée, tels les langages, termes, sons, couleurs et lignes, symbolisant la pensée de l’artiste. Mais toat art, en ce sens, est nécessairement symbolique. Le symbole peut être encore, non pas un terme désignant une pensée, mais une pensée simple, aisément compréhensible, et que l’on destine à représenter une autre pensée plus complexe et d’une perception plus ardue. Le symbole est alors la comparaison ou trope des scolastiques : ou bien la particularisation concrète d’une idée générale : un récit servant à incarner, à faire ainsi mieux voir une théorie. Ce