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II
NOS MAÎTRES


premiers pèlerins de Bayreuth, aux habitués des mardis de M. Mallarmé, à ceux qui ont aimé Laforgue et frémi d’enthousiasme aux royales périodes de notre grand Villiers.

À eux, comme à ces maîtres que nous avons jadis admirés en commun, je garde le souvenir le plus tendre et le plus fidèle. Puissé-je leur montrer, par ce livre, que je n’ai point démérité de leur sympathie !


Aujourd’hui comme il y a dix ans, je place la beauté au-dessus du reste des choses. Je me suis seulement accoutumé à ne plus exiger d’elle rien d’autre qu’elle-même, de telle sorte que je n’ai plus besoin désormais, pour en jouir, qu’elle soit neuve, ni étrange, ni que nul avant moi ne s’en soit ému. Ainsi j’en suis venu à préférer les œuvres anciennes aux meilleures d’à présent, pour la perfection plus grande que je découvrais en elles, et pour la plus grande commodité que j’avais à m’en approcher. Mais dès le premier jour mon cœur est allé tout entier aux émotions douces, aux images claires, à cette mystérieuse musique qui naît, dans les phrases, de l’accord du sentiment avec l’expression.

Et dès le premier jour j’ai détesté la science, moins encore pour la fausseté que pour l’inutilité des soi-disant connaissances dont elle nous encombre lesprit. « La souffrance véritable est de