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la hardiesse qui lui sont ordinaires, des théories indiquées déjà avant lui dans les écrits de Wagner, mais que son admiration pour la personne et pour l’œuvre du maitre de Bayreuth s’y exprime sur le ton le plus enthousiaste. Et l’on en conclut naturellement que, pour que Nietzsche ait pu ensuite, dans son Cas Wagner, porter sur son ancien maître et ami un jugement si sévère, il faut qu’un revirement radical se soit opéré en lui ; après quoi l’on a beau jeu à chercher les causes de ce revirement dans des circonstances personnelles, dans des blessures d’amour-propre, dans la jalousie que dut inspirer à Nietzsche, en 1882, le triomphe de Parsifal, suivi de l’apothéose que l’on sait. Explication ingénieuse, mais en vérité trop simple pour une nature aussi compliquée ! La vérité est tout autre : nous la savons maintenant par la publication de ces notes posthumes. La vérité est que dès 1871, dès avant la Naissance de la tragédie, Nietzsche, tout en se sentant attiré vers Wagner par un charme irrésistible, protestait déjà, au secret de son cœur, et épanchait sur ses cahiers de brouil-