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le monde et eût une maison en ville dans Queen Anne Street, elle n’avait en Angleterre ni amis ni parents de son goût. Clifton Reynes, où habitait sa sœur, était un village anglais, rude et grossier, où les habitants faisaient irruption dans la maison, si une femme s’y trouvait sans protection. Elle était mécontente. Elle désirait de la société, mais elle désirait aussi s’établir, être sérieuse. Ni Clifton Reynes, ni Queen Anne Street ne lui donnaient entièrement ce qu’elle demandait. Et alors, de la façon la plus opportune — tout à fait par hasard — elle rencontra deux personnes raffinées et bien élevées, prêtes à apprécier ce qu’elle pouvait donner et prêtes à l’inviter à partager les plaisirs particuliers de la campagne. Ann Austen était juste la femme qu’il fallait pour rehausser délicieusement ces plaisirs. Elle faisait paraître les journées pleines de mouvement et de rire. Elle organisait des pique-niques ; ils allaient à la « Spinnie » et dînaient