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terribles sans pouvoir éclairer les autres ou être aisé lui-même. Jamais Cowper n’avait écrit plus délicieusement, plus gaiement à ses amis que depuis qu’il se savait condamné. Ce n’était que par moments, surtout lorsqu’il écrivait à Newton ou à Unwun, que la terreur levait sa tête horrible au-dessus de ce calme superficiel et qu’il s’écriait : « Mes jours se sont écoulés dans la vanité… La nature revit, mais lorsqu’une âme est tuée elle ne ressuscite jamais. » En général, il occupait sa vie oisive à d’agréables divertissements, s’amusait à regarder ce qui se passait en bas dans la rue et on aurait pu le prendre pour le plus heureux des hommes. Tantôt c’était Geary Ball qui allait boire la goutte au Chêne-Royal — cela arrivait aussi régulièrement que Cowper se brossait les dents ; tantôt c’était deux dames entrant dans le magasin d’étoffes en face. C’était un événement.