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dans un large fauteuil de chêne bien garni de coussins. Il était vêtu d’une sorte de jaquette de Norfolk, en serge bleue, usée jusqu’à la corde, avec culotte pareille, et des bas de laine grise. Il sauta de son fauteuil, et cria, d’une voix étonnamment forte pour un homme si âgé :

— Bienvenu, Dick, mon garçon ; Clara est ici, et sera enchantée de vous voir ; ainsi consolez-vous.

— Clara ici ? si j’avais su, je n’aurais pas amené… Au moins, je veux dire, j’aurais…

Dick bégayait et était confus, évidemment parce qu’il avait peur de dire quelque chose qui me fît sentir que j’étais de trop. Mais le vieillard, qui ne m’avait pas vu d’abord, vint à son secours en s’avançant et me disant d’un ton aimable :

— Pardonnez-moi, je vous prie, car je n’avais pas remarqué que Dick, qui est assez grand pour cacher n’importe qui, avait amené un ami. Soyez très cordialement le bienvenu ! D’autant plus que j’espère presque que vous allez distraire un vieillard en lui donnant des nouvelles de par delà les mers, car je vois que vous avez traversé l’Océan et venez de pays très lointains.

Il me regarda d’un air pensif, presque inquiet, en disant sur un autre ton :

— Pourrais-je vous demander d’où vous venez, puisque vous êtes si évidemment un étranger ?

Je répondis distraitement :