Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Fumée ? pourquoi verriez-vous de la fumée ?

Je me tus, et il continua :

— C’est très bien à l’intérieur, quoique aussi simple que ce que vous voyez dehors. Quant aux métiers, le tournage de l’argile doit être amusant, le soufflage du verre doit joliment faire transpirer, mais il y en a qui l’aiment beaucoup ; et cela ne m’étonne pas : il y a une sensation de puissance, quand on y est devenu habile, à remuer la matière en fusion. Cela fait toutes sortes de travaux agréables, dit-il en souriant ; car, si grand soin que l’on ait de pareils produits, il faut bien qu’ils se cassent, un jour ou l’autre, en sorte qu’il y a toujours beaucoup à faire.

Je me tus et réfléchis.

Nous arrivions à ce moment près d’une équipe d’hommes qui réparaient la route, ce qui nous retarda un peu ; mais je n’en fus pas fâché, car tout ce que j’avais vu jusqu’alors semblait simplement quelques heures d’un jour de fête d’été, et il me manquait de voir comment ces gens se mettraient à l’ouvrage pour un vrai travail nécessaire. Ils s’étaient reposés, et venaient seulement de reprendre le travail, lorsque nous arrivâmes ; de sorte que ce fut le bruit des pioches qui me réveilla de mes réflexions. Ils étaient douze environ, vigoureux jeunes gens, ressemblant beaucoup à une équipe de rameurs à Oxford, aux temps dont j’avais le souvenir, et pas plus émus par leur besogne : leurs vêtements de dessus étaient posés sur le