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On peut s’imaginer combien mes nouveaux amis tombèrent dans mon estime quand j’entendis ce franc aveu, et je dis, plutôt avec mépris :

— Eh bien, éducation veut dire un système d’enseignement des jeunes gens.

— Pourquoi pas les vieux aussi ? demanda-t-il en clignant de d’œil. Mais je puis vous assurer que nos enfants s’instruisent, qu’ils passent ou non par un « système d’enseignement ». Par exemple, vous ne trouverez pas un de ces enfants, garçon ou fille, qui ne sache nager ; et tous se sont habitués à sauter sur les petits poneys de la forêt… en voilà un justement ! Tous savent faire la cuisine ; les plus grands savent faucher ; beaucoup savent couvrir en chaume et faire de petits travaux de charpentier, ou ils savent tenir boutique ; je vous assure qu’ils savent une foule de choses.

— Oui, mais leur éducation mentale, — l’enseignement de leurs cerveaux, dis-je, traduisant ma phrase.

— Hôte, peut-être vous n’avez pas appris à faire les choses dont je viens de parler, et s’il en est ainsi, n’allez pas vous figurer qu’il ne faut pas quelque habileté pour les faire, et qu’elles ne donnent pas beaucoup de travail au cerveau : vous changeriez d’avis si vous voyiez un garçon du Dorsetshire couvrir en chaume, par exemple. Mais, pourtant, je comprends que vous voulez parler de l’instruction dans les livres ; et quant à cela, c’est très simple. La plupart des enfants, voyant des livres autour